“Le bleu se répand et je n’ai pas dormi”
Édition illustrée
2017
24cm x 32cm
(extraits)
“ Je t’ai parlé de lui.
Il y a plusieurs mois, des sentiments forts, des mots trop hauts.
Le sommeil me fuit.
Mauvaise nuit.
Des glaciers qui volent à nouveau. Des baleines ressuscitées.
Je t’ai parlé de lui.
Cette nuit, une présence qui à nouveau revient du brouillard, faisant fuir le sommeil et repoussant le repos. Recherche trop dure. Tout fuit à nouveau et les fondations tremblent. Un acouphène et trop de bleu à nouveau.
Deux baleines dans un terrier, dans un unisson décadencé. Un écho désaxé s’est mal placé.
Le glacier se brise et la faille nous réunit.
Les baleines ne dorment toujours pas, la veille tient et le bleu a changé. Les renards font à nouveau briller le bleu dans le souvenir.
À nouveau le nouveau.
Mon corps reste et mes battements visitent à nouveau cette campagne. Les vignes où dansent baleines et renards. La crypte banquise qui s’était enivrée dans une mélodie a deux voix.
Les étoiles au dessus.
Ma main qui attrape le vent qui court le long des flancs de ta voiture.
C’était doux en juin.
Une réminiscence de la souche d’arbre laissée dans ton carnet de notes, des paroles de Brel écrites rapidement dans un cahier, du cep de vigne givré coincé dans mon téléphone brisé.
Aout claque.
Novembre chatouille. Février se ferme.
Mai, réanime un trait, l’oscillateur retrouve une arythmie.
Un maintenant? Plus de distance entre la baleine et le renard, mais l’enveloppe s’ouvre. Une odeur de pénombre, si séduisante.
Et l’envie d’à nouveau l’ancien, mais de pas pareil.
Les refrains remontent.
Marais. De toi et moi, qui est-ce?
Tu y es sans arrêt.
Tes peurs glacées, ont-elles fondue? Même loin de toi, tout me rattrape et fait reculer le sommeil.
Chien bleu, loup bleu, corbeau, toujours tu joues la bonne corde.
La berceuse réveille ce qui hibernait. Les oiseaux chantent déjà, et il ne fait presque plus nuit.
Le bleu se répand et je n’ai pas dormi.”